La difficile acquisition de l'estime de soi

Ce matin, Fabienne a traversé une épreuve nouvelle: l'examen d'entrée pour tenter d'accéder au programme enrichi/anglais intensif de deux ans à l'école Ahuntsic annexe. Pour elle qui vient de l'école alternative où il n'y a ni dictée ni apprentissage systématique des tables de multiplication, pas plus que d'examen ou même de notes, c'était un réel défi. Augustin, qui est actuellement dans ce programme, en bon grand frère, n'a pas cessé de la décourager et de lui dire qu'ils ne prenaient pas les nuls, etc. Super délicat. Toujours est-il qu'on l'a préparée du mieux qu'on a pu, en insistant bien sur le fait que sa vie n'en dépendait pas, que prendre son temps et bien lire les questions serait largement suffisant si elle est destinée à un tel programme. C'est qu'elle est un *tantinet* anxieuse, celle-là. Bref, la jetant dans la fosse aux lions à 9h, je me suis dit "advienne que pourra", pensant que son anxiété lui nuirait probablement plus que son manque de compétence. À 11h, quand je l'ai récupérée, je l'ai d'abord félicitée d'être allée au bout de la démarche sans se rétracter. Ensuite, je lui ai demandé comment elle avait trouvé ça.
"Une catastrophe, je ne sais rien, j'avais envie de pleurer!"
"Ah bon? Par exemple?"
"La dictée, c'était à propos des fourmilières."
"Tu écris ça comment, fourmilière?"
" f-o-u-r-m-i-l-i-è-r-e"
"Ben, c'est ça!"
"Ils ont demandé 56 divisé par 7!!"
" Et tu as répondu?"
"8?"
"Ben, c'est ça!"
"Cent vingt-cinq divisé par 5, ça fait pas 25, hein?"
"Euh, oui, ça fait 25!"

Finalement, rendu là, elle s'est sentie pas mal rassurée. On s'est dit qu'il ne fallait pas croire Augustin, des fois, hein?
Ce n'est une garantie de rien, ces réponses-là, mais quelle belle expérience positive, acceptée ou pas!