Le front d'Augustin

C'est pas étonnant: en vieillissant, on fait face à toute sorte de nouveauté.
Ce soir, pour la première fois dans la vie d'Augustin, j'ai senti que la sueur de son front lui était insuffisante. J'ai eu un léger pincement: j'ai trouvé qu'il était drôlement "vieux" pour arriver à ressentir ça.
Il a fait les Jeux du Québec la semaine passée de mardi à samedi, s'est classé en finale aux deux épreuves (1m et 3m), sans toutefois récolter de médailles. Il est arrivé les deux fois en 7è place, ce qui veut dire qu'il est le septième meilleur au Québec, en plus dans une catégorie un peu plus âgée que lui. Nous étions très fiers et n'avons pas laissé voir ou entendre qu'on aurait préféré qu'il rapporte des médailles, mais il était vraiment déçu, sur le coup.
On est mercredi, et il est encore un peu fatigué de sa grosse semaine, et son entraînement de ce soir a été un peu poche, selon lui. Il donne tout, mais l'entraînement est parfois cruel: il s'est fait dire que c'est pas assez. "Mais je fais de mon mieux!"
D'après moi ça fait juste commencer, ça va être de plus en plus sérieux, avec le gros sports-étude l'an prochain...
C'est quand même une superbe école de persévérance et de discipline, le sport, mais ce soir j'ai entrevu qu'il faut faire attention, aussi, de bien doser l'attitude. La nôtre, pour la sienne, si ça peut avoir un impact. Il faut le pousser sans tout foutre en l'air. Parce qu'à bien y penser, ça ne sera pas toujours rose. Il fera tous les jours trois heures de file. C'est comme impossible qu'il n'y aura pas de moments de lassitude.
C'est un beau défi!
Il est tellement grand, maintenant...

Bon, ça fait exprès, la seule photo de lui que j'ai sous la main porte à confusion. C'est un violoncelle, pas un tremplin, là.